Sur le rebord du ciel

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-sTraTe-
glouton
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Enregistré le : lun. août 16, 2004 11:52

Sur le rebord du ciel

Message par -sTraTe- »

Contrairement au texte sur Sin City, celui-ci est une introduction qui présente le personnage principal d'une BD. L'histoire est moins percutante, moins originale. Bref je ne suis pas aussi satisfait. Il faut dire que la première fois j'ai repompé le style de Miller et là c'est le mien.
D'un autre coté il faut le considérer comme un synopsis donc l'élément brut qui doit déboucher sur la conception d'un scénario puis d'un découpage pour une BD

Assis sur un nuage je regarde en l’air comme les autres. Eux chantent leur joie d’être si proche de Lui. Ils sont submergés d’un amour irrationnel. Je sais ce que c’est, j’étais comme eux. Au début, c’était merveilleux je ne pensais à rien d’autre qu’à lui. Et puis au fur et à mesure je senti cette ferveur m’échapper.
Ca doit être comme vivre au milieu d’un paysage magnifique, au bout d’un moment on a quand même envie de voire autre chose. Quand ça a commencé, ça m’a troublé, alors j’ai fait semblant. A force, on en vient à se dégoûter, on entame alors la phase de doute. On a peur de l’inconnu, de faire autre chose, de faire moins bien.
Jusqu’au jour où vous basculez, plus rien ne semble vous retenir. Pour ma part, je suis descendu de ma colonne, j’ai arrêté de chanter et j’ai commencé à regarder autre chose que Lui.
J’ai alors eu envie d’apprendre et de réfléchir. Ce qui m’a presque le plus déçu c’est qu’au moment ou j’ai tout lâché rien ne s’est produit. Je n’ai pas déclenché la terrible colère divine et aucun autre n’a fait attention à moi, trop occupé à le magnifier. Je n’ai même pas eu droit au statut d’ange déchu.
Je pourrai très bien reprendre ma place et continuer mon cinéma, mais maintenant que j’ai franchi le cap j’ai envie d’en profiter.
Je pense que je retournerai auprès de Lui car l’amour qu’il dégage ne doit pas trouver d’équivalent. Toutefois, pour apprécier ce qu’on a il faut pouvoir comparer.
Je ne suis pas Gabriel, Jean, Laurent ou encore Lucifer, je n’ai pas de nom, pas d’histoire. Je ne suis qu’un petit Ange comme il existe tant au paradis. Je Lui ai consacré mon existence, comme les autres. Mais je ne suis pas les autres je ne rentre dans aucune catégorie habituelle, je suis unique.
Il est inutile de vouloir comprendre, et je ne suis pas sûr d’en avoir envie. J’assume ce que je suis, mes goûts, ma différence. Ce n’est pas pour autant que je sois devenu mauvais ou mal intentionné à Son égard. Je n’ai pas vraiment changé c’est juste qu’écouter la même litanie en boucle, aussi belle soit elle, ça a fini par me lasser.
Il va falloir que je m’occupe maintenant. J’ai l’idée d’aller déranger mes semblables mais je pense pas qu’ils n’apprécieraient.
J’ai bien envie de descendre dans l’une des Ses créations mais j’ai peur de m’y brûler les ailes. J’évalue les possibilités qui s’offrent à moi, rester l’éternité à méditer sur mon cas ou bien me lancer tête baissée dans une « nouvelle vie ». Après tout, la curiosité n’a jamais été un pêché…


La réflexion nuit à l’action, parfois il faut savoir suivre ses instincts. Je me lance tête baissée sur le monde. Je suis d’un coup envahi par la ferveur des hommes. J’entends leurs prières. Dés qu’ils prononcent son nom ça attire mon attention. Je commence à comprendre pourquoi il est si grand.
Je suis enthousiasmé par la découverte de cette terre. J’ai l’impression que les gens m’appellent et m’implorent, je me sens grisé, quelle sensation magnifique. J’entre dans une petite église, le toit à été rénové il y a peu. Une femme seule se tient à genoux devant l’autel. Elle L’implore de sauver son enfant malade. Je sais que je pourrai le faire mais ça ne ferait que retarder l’inévitable. Elle ne conçoit pas que son existence sera de toute façon meilleure que sur cette terre. Les humains sont égoïstes et fragiles. C’est dans leur nature on ne peut rien y faire.
Je la regarde partir, elle ne me voit pas j’ai pas voulu apparaître, pas tout de suite.

Seuls les archanges, avant moi, sont venus sur terre. A chacune de leur descente tous les anges ressentent le malaise des anciens à Le quitter. Les larmes sillonnent leurs joues jusqu’à leur retour. Moi, ça ne me fait rien, je sais que je peux rentrer quand je veux pour retrouver la sécurité de ma vie d’ange. Ce postulat suffit à me rassurer.
Je traîne dans les rues de New York. Je constate qu’il existe plusieurs sortes d’humains. Dans une ruelle sombre je vois un homme planter un couteau dans le gros corps d’un autre. Il est intéressant de constater combien les gens tiennent à la vie. Le gros homme rampe sans espoir vers une solution chimérique. Tout en regardant l’homme se vider de son sang je réfléchi au geste du malfrat en fuite. Je m’aperçois que ce criminel cache une très grande souffrance.
Je sonde son esprit. Le premier meurtre était une impulsion dictée par la peur, ensuite c’est devenu une alternative possible quand aucune autre solution n’est envisageable. Aujourd’hui c’est la solution facile qui ne demande pas trop d’effort. Le plus dur c’est la première fois, après on y prend presque plaisir.
Je m'approche du gros monsieur. En me voyant ce dernier me supplie, il me prend pour dieu c’est amusant.
_« Pitié…
_ Je sais que vous avez mal mais ne vous inquiétez pas vous allez simplement mourir. Je vais vous aider. »
Je prends fermement la poignée du couteau dans la main. Je le retire rapidement pour lui mettre cette fois dans le cœur. L’arrêt cardiaque est quasi instantané, il est mort, il est enfin libre.
Si lui m’a pris pour dieu c’est que mon acte a été guidé par Lui. Cet homme allait mourir, on aurait découvert son cadavre demain matin. C’est l’autre qui a commis le meurtre et qui va devoir vivre avec un cadavre supplémentaire sur sa conscience, moi je n’ai fait que libérer ce malheureux. Je vais libérer les âmes perdues !

Ce que vous venez de lire, c’était moi il y a 10 ans, depuis, les choses ont beaucoup changées. Je suivi la voie que j’avais tracé pendant plusieurs années. Je Lui laissait les criminels et accompagnait les victimes sur la route du paradis. Ce « travail » me plaisait et dans les moments de lassitude je retournais auprès de Lui sur ma colonne pour l’admirer, et chanter ma chance de pouvoir être différent des autres tout en étant accepté.
Tout se passait pour le mieux jusqu’au jour ou j’ai rencontré Chloé. Cette jeune femme venait de se faire renverser par un camion sur un passage piéton parisien. Elle n’en avait plus pour longtemps. L’ambulance du SAMU allait trouver un cadavre. J’allais lui casser la nuque afin de lui éviter d’inutiles souffrances quand elle se remit debout. Tout cela était physiquement impossible. Son état ne pouvait lui permettre de telles actions et pourtant le miracle était là. Ca aurait pu être Son fait mais je ne sentais pas Sa présence. D’autre part, il était injuste, pour une âme comme la sienne, de ne pas lui permettre de rejoindre le ciel. Tout venait d’elle. Sa volonté avait fait dévié sa destinée. Chaque être humain avait donc la possibilité de changer leur avenir. L’ambulance arriva à temps et Chloé fut sauvée.
Je repensa alors à tous les meurtres que j’avais commis avec la meilleure des consciences. Je m’effondrais sachant que je ne pourrais jamais me présenter de nouveau à Lui. Je L’avais à jamais perdu.
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