C'est marrant que tu sois resté bloqué par cet aspect auquel personne ne te demande de croire... mais j'avoue que le postulat de départ est osé.
latruffe a écrit :Maintenant, si quelqu’un se sent le courage de remonter cette BD, libre à lui. 4/10 (pour le dessin)
Allez, je te mets l'avis que j'ai donné sur 1001bd à l'occasion de la sortie du tome 2 :
L’histoire qui nous est présentée ici est vraiment très bien pensée. L’idée d’introduire un personnage de fiction pour le moins inattendu dans un contexte historique réaliste connu de tous fonctionne vraiment très bien. L’exercice de style est accompli avec beaucoup de virtuosité. Denis s’insère parfaitement dans l’intervalle de l’histoire qui lui ai réservé par l’auteur. On en viendrait à se demander si ce n’est pas la véritable histoire d’un aspect de la révolution française que nous raconte Valérie Mangin !
L’un des autres points forts du récit est de créer une ambivalence très forte entre l’aspect à première vue enfantin et naïf du récit, et l’aspect sombre et malsain (adulte) qui s’immisce peu à peu. Dans le premier tome, cet aspect est moins visible mais certaines scènes comme celle de l’exorcisme, celle où Denis est en prison en compagnie d’un rat ou tout simplement le principe de la conception de Denis contribuent à cet effet. Dans le second tome, cette ambivalence est beaucoup plus nette, et c’est plus particulièrement le personnage de Denis en lui-même qui y contribue. Cette ambivalence peut se résumer par l’apparence physique du personnage principale : il a le corps d’un enfant de 8 ans alors qu’il en a véritablement 22. Il se dégage de tout ceci une sensation générale assez inconfortable, malsaine.
Cette ambivalence n’est pas sans rappeler le Peter pan de Loisel, mais ici le dessin de Griffo est plus enfantin, plus rond que d'habitude, ce qui souligne ce contraste.
Les dessins de Griffo illustrent d’ailleurs magnifiquement le Paris de la révolution tout en gardant comme souci principal le déroulement de l'action. Les couleurs sont qui plus est splendides.
Cette lecture est donc fort réjouissante ; la dernière phrase du premier tome raisonnant tout au long de ce second et semble-t-il dernier tome.
En terminant cette histoire, on ne peut s’empêcher de se demander si c’est le véritable destin de Denis qui s’est réalisé ou bien si c’est le comportement des hommes envers lui qui l’ont rendu ainsi. Car cette histoire propose également une réflexion sur la différence et sur la cruauté des hommes.
On pourra peut-être regretter que l’histoire reste un peu « étriquée » dans son contexte historique et qu’elle ne prenne pas ses aises dans un récit plus ample, faisant moins de sauts dans le temps, et donnant peut-être ainsi un côté plus « aventureux » au récit.
En conclusion, je mettrais 6-7/10